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Darling la mort...
--> Ca sonne comme un passé qui rengaine.

T'as sûrement raison, pas égaré, il y en a

qui sont pleins de flotte et moi je suis pleine de mort.

http://www.youtube.com/watch?v=pPS5zc7y_oU

A 12 ans, t'as autre chose à faire que de courir les pieds nus sur le bitume pour échapper au monstre tapi au fond de ta mère.

 J'ai couru en pyjama nounours le long des réverbères ocres, ça sentait le tamisé, et le soufre des usines, ça ressemblait à l'enfer.

 A 12 ans, j'avais peur de ce grand arbre au bout de la rue, parceque le grand arbre, dans le noir quand je rentrais de l'école,

 avait ce visage grimaçant gravé dans son écorce, dessiné par les ombres du crépuscule, avec un nez à rosace, comme un vrai alcoolo môme.

 Il avait même parfois des yeux, quand il pleuvait un peu. 

 S'il m'avait bouffée, personne ne serait venu me chercher là.

 Au fond de son gosier de vieil arbre pourri tout innocent.

Les gens qui perdent des enfants devraient parfois regarder au creux des arbres.

Parcequ'il était souvent innocent la journée, le végétal comme ma mère, qui végétait.

La mort, elle était déjà dans la plaie du trottoir, rongée dans mon incrédulité de gosse pas méchante.

 Elle m'a poursuivie, je me suis cachée là où j'ai pu pour passer la nuit, dans un buisson, j'avais froid, j'avais peur, mais ce dont j'avais encore plus peur cette nuit là c'était de rencontrer un adulte et de devoir la salir , ma sienne.

De mère.

Alors je me suis dégonflée avec le jour.

 Elle ne s'était même pas aperçue que j'étais partie, tu parles, deux litres, et après j'ai tenu.

 A deux mains pour le cacher bien derrière.

   Ma petite succession.

 Parcequ'il était petit, et que lui ne savait pas bien, et que je ne voulais pas qu'il souffre.

 Je voulais les protéger tous, et c'est moi qui suis morte.

Parfois la mort, elle se tapit au fond d'un placard, tendant ses gélifiants comme des rai de noir obscur, t'entends ses pas gluants sur la moquette de ta chambre, 

la môme tristesse,

elle résonne comme un coup de poing sur la porte, elle se griffe dans ses yeux glauques, les comptines deviennent des cris éraillés au fond d'une gorge cramoisie.

 Et tu comprends pas. Tu comprends pas parceque c'est Clochette et Walt Disney, t'es pas sensé décoller chaque soir au fond de chaque rêve, dans les filets du capt'ain Crochet.

 En fait quand t'es gamin, tu rêves pas d'un terrier tout moisi.

 S'il avait de la couleur, il aurait été vert, et marron, comme de la charogne, avec l'odeur de vin rancé, et la moche  jaunisse d'une belle cirrhose.

 

 Je n'avais plus que la musique, j'ai saisi une note et mon âme s'est envolée sur les ailes du raï et du flamenco.

A quinze ans, j'ai gravé mon prénom qui sonne presque comme un je t'aime dans les murs humides d'une cave du bâtiment C,

 Abdel, Abdel !

les dents dans le matelas, à l'aide de mes ongles, j'ai cherché à être aimée entre les bras d'un beau marocain, plus vieux,

et des fossettes au creux du coeur,

je cherchais l'amour où je pouvais parceque je ne voulais pas devenir folle, j'attendais les bateaux sur les quais, j'attendais l'espoir que mon père soit un père de vrai, qu'il nous emmène loin de tout ça, et me rende mon âme de gosse mais c'est jamais arrivé.

Les cocons puants des matelas imprégnés de bière à deux sous et de trous de boulette, j'ai refait mon monde avec des bandes de visiteurs.

 C'était toujours mieux que n'être rien chez moi, et si j' ai oublié le nombre de mes colporteurs,  j'ai jamais plus trouvé bonheur.

Y avait de la lumière chez ma mémère.

elle, c'était mon super héros.

Ma vieille mère.

 Elle savait pas, parcequ'on disait rien à personne, parcequ'on était pouilleux et que c'était la honte, mais elle se doutait bien,

 elle se doutait bien.

Elle laissait sa lumière de porte allumée longtemps la nuit, et parfois je passai dans la rue,

hésitante,

 le coeur trébuchant sur les fenêtres des voisines,

 je cherchais déjà l'asile parceque j'étais déjà folle,

et quand enfin décidée je frappais à sa porte elle m'entourait de ses petits bras chauds, m'embrassait sur le front puis m'engueulait d' arriver si tard.

Ca sentait toujours la peau de clémentine grillée chez ma grand mère.

On fumait une cigarette égyptienne tombée des bateaux en écoutant radio polack, 

 elle me préparait une tambouille à base de restes inconséquents, puis je m'endormais dans le lit déserté par mon oncle au chaud et repue, en relisant ses vieilles lettres d'amours de don juan,  je pleurai souvent mais là j'avais pas peur.

Puis quand j'ai eu 18 ans c'est elle qui est morte.

Le reste du monde n'avait pas changé autour de moi mais elle, elle n'était plus là.

J'ai continué à pousser toute tordue, comme au fond d'un lac noir suppurant et sans lumière, cherchant l'évasion, le coma, ses longs cheveux blonds torturés par des pinces en métal,

 ses beaux yeux clairs de slave un peu dure, sa voix toute grave de fumeuse de bar, je l'ai cherchée partout, dans les yeux des autres, dans le coeur des autres,

sur des bites, au fond des bouteilles, sur l'acidité de ma langue, dans la fumée d'un pétard, je l'ai cherchée mais elle était pourrie, la maison a été vendue, et moi je suis partie.

Elle est tapie au fond de moi depuis toujours la mort. Elle a jamais voulu me lâcher la grappe. L'arbre tordu est toujours là au fond de mes entrailles  quand je rentre chez moi et j'ai toujours aussi peur.

Ecrit par Gobbo, le Jeudi 15 Décembre 2011, 12:46 dans la rubrique Alcoolo song.

Commentaires :

giantjack
giantjack
15-12-11 à 13:29

ton côté sombre

Une et une font ... une... essai.

 
Je crois que je me suis égaré
15-12-11 à 14:53

La peau des clémentines dorant sur l'acier rutilant d'un vieux poële à charbon c'est beau comme un conte
de Noël.Envoie moi tes allumettes j'achète le lot.
Sinon t'es un vrai bout-en-train...........darling la mort(gue).


 
Je crois que je me suis égaré
17-12-11 à 08:20

Re: ou ça passe comme un sonnet qui s'égraine

Comme on voit sur la branche, au mois de mai, la rose,
En sa belle jeunesse, en sa première fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
Quand l'aube, de ses pleurs, au point du jour l'arrose;

La Grâce dans sa feuille, et l'amour se repose,
Embaumant les jardins et les arbres d'odeur;
Mais, battue ou de pluie ou d'excessive ardeur,
Languissante, elle meurt, feuille à feuille déclose;

Ainsi, en ta première et jeune nouveauté,
Quand la terre et le ciel honoraient ta beauté,
La Parque t'a tuée, et cendre tu reposes.

Pour obsèques reçois mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de lait, ce panier plein de fleurs,
Afin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.

Ronsard 150 cents et des brouettes d'eau de rose.


 
visiteur pas égaré
17-12-11 à 17:32

La vie d'un être humain n'est jamais une légende

Comme dans toutes les familles, il y a une histoire.
Gobbolino, tu racontes ici quelques bribes de ta vie. On sent la nécessité de cet aveu particulièremet personnel mais qui te prend les tripes. D'abord des années d'enfance qui t'ont marquées comme avec un fer rouge, et puis des années un peu plus porteuses de bonheur avec une grand-mère chaleureuse qui laissait toujours sa lumière de porte allumée.

Au grè de ma lecture, j'ai souligné quelques petites phrases clef résumant ton parcours :
-"A 12 ans, j'avais peur de ce grand arbre "
- " Elle (ta mère) ne s'était même pas aperçue que j'étais partie"
- "c'est moi qui suis morte".
- "la môme tristesse",
- "A qinze ans..."
- "mais j'ai jamais trouvé le bonhueur"
- "Y avait de la lumière chez ma mémère". "elle, c'était mon super héros". - - - "Puis quand j'ai eu 18 ans c'est elle qui est morte".

Aujourd'hui, tu es là avec ton histoire. J'ai l'imression que tu ne trouves personne, personne de vrai pour la raconter. Tu ne trouves pas de "super héros" comme était ta grand mère. Et il me semble que tu commences à douter, un peu empêtrée, certes, par ce qui est resté tapi au fond de toi : "La peur" et "la mort".

Je ne suis pas thérapeute, pourtant j'ai tout de suite envie de dire que tout cela peut se démêler ! Je t'offre une réponse de passager, ou de passant. D'ailleurs à ce propos, je trouve intéresant que deux sortes de réponses te sont proposées : un visiteur égaré et un visiteur pas égaré. Comme dans la vraie vie, il t'appartient de peser le pour et le contre pour prendre les initiatives personnelles directement dans ton environnement concret.

C'est bientôt Noël. N'est-ce pas une occasion de réjouissance ? Les cadeaux vont être achetés, empaquetés pour être offerts. Il va y avoir le réveillon traditionnel, la messe de minuit, etc... N'est-ce pas la fête de l'amour ? En principe "oui". Mais ... Bref, ce n'est pas le sujet de mon commentaire. Non. Dans la considération de cette fête, je veux en venir à autre chose. Quelque chose de décisif qui fait que, soit l'on s'accroche, soit l'on ne s'accroche pas.

Quoique de passage ici, tu vois bien que je m'accroche à toi (je veux dire j'insiste un peu). Que cela soit un signe (un simple signe, pas plus). Car avec d'autres je ne m'accroche pas du tout, pour la simple raison que ce serait vain. Tu vas comprendre.

Beaucoup de gens lisent ton blog. A bon escient, pensant à tous ceux qui suivent ce dialogue, je voudrais rapporter une citation prise dans l'évangile de Luc, ch. 13, v. 28, une parole de Jésus qu'il a adressée à ses opposants de l'époque. Je cite cette parole parce que je suis persuadé qu'aujourd'hui il dirait exactement la même chose à ceux qui s'opposent à ses actes et à ses propos. Il leur a dit : "C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes, dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors". Ces gens prenaient l'histoire des patriarches, c.-à.d. des pères de Jésus, Abraham, Isaac et Jacob, tout simplement pour une légende...

Aujourd'hui rien n'a changé sinon que les gens prennent l'histoire de Jésus pour une légende !

Qu'est-ce qe tu me dirais, Gobbo, si je te disais que je prends l'histoire de ta grand-mère pour une légende ?

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Tu vois nous sommes déjà sur l'axe (un axe ça tourne, ça varie, ça s'oriente) où les pensées se pèsent précieusement, délicatement. Un train c'est beau quand ça roule (la nuit hein !), que ça t'emmène quelque part mais pas n'importe où. Faut juste que le train soit bien aiguillé, qu'il soit vraiment sur le bon rail. Imagine la plus puissante locomotive, elle sert à quoi si elle roule sur un mauvais rail, mal aiguillé ?

Nous parlons du but quand le train arrive à la destination souhaitée. Mais le but n'est pas la fin. La vie continue lorsque nous desendons du train. Enfin... imagine que nous roulions tous dans un bon train vers une bonne destination. C'est déjà apaisant.

On peut avoir peur dans un train, cela ne règle pas encore la grande question de la mort. On peut mourir dans un déraillement (un accident, une maladie), c'est pourquoi le mieux n'est-il pas de régler cette question "avant", tant que nous sommes en vie  ?

C'est bientôt Noël. N'est-ce pas une occasion propice pour régler à la fois la question de  "la vie" et celle de "la mort" ? Au-delà de l'aspect commercial de la fête, on va parler inévitablement de cet événement, des livres seront ouverts, dont la Bible. On peut écouter, lire, ce qui s'est passé, pourquoi Jésus est venu, et pourquoi les uns l'ont reconnu et les autres non. Pourquoi les uns voient dans cet événement et dans l'histoire du Christ, une simple légende, tandis que d'autres (dont je fais partie), voient la pleine vérité des événements survenus, de la naissance à la résurrection de Jésus.

Voila : Noël nous place une fois de plus sur un axe de réflexion. Avant Noël (et aussi longtemps que Noël existe), le rail de notre vie n'est pas forcément défini. Après Noël (et aussi longtemps que Noël existe), ce rail devrait être défini... Consciemment ou inconsciemment.

Pour les uns une légende, pour les autres la réalité... A toi Gobbolino, pour que ta vie soit meilleure, pour que tu trouves enfin le lieu du bonheur (je n'ai pas dit pour que tu trouves le bonheur, mais "le lieu" du bonheur, pour que tes peurs soient apaisées, pour que tu saches enfin que la mort n'est pas la fin et que tu ne souffres plus de cette poisse en toi !
(Je t'avoue secrètement : si pour toi ce n'étais qu'une légende, je n'insisterais pas un brin). A toi d'être forte dans ce contexte (parce que les adversaires sont nombreux), tu te passeras ainsi d'une tonne de thérapies !


 
giantjack
giantjack
17-12-11 à 19:54

Re: La vie d'un être humain n'est jamais une légende

giantjack c'est gobbo, no soucy, dédoublement de personnalité.

Je rencontre parfois des gens qui me semblent lumineux, ils me plaisent, Ils sortent du lot. Ils m'attirent comme un papillon éphémère. Ils s'éprennent de ma froideur, de ma candeur, me disent que je suis autre, que malgré tout je rayonne. Qu'ils me comprennent, que j'ai un coeur. Me demandent d'ouvrir les vannes et  de leur faire confiance.

Et.. quand il suffirait un instant qu'ils insistent un peu, qu'ils se mettent à m'aimer, qu'ils insistent, ptain c'est raide à expliquer,

quand je commence à être bien, au chaud, au creux de cette lumière qui m'attire, je m'aperçois souvent qu'ils sont là pour eux, pour profiter, ils s'imprègnent, se larguent, vivent leur moment, puis me laissent comme au bord du quai. Et je me sens alors vide et pleine en même temps. Je ne sais que prendre et soulager.

Non je n'ai jamais pu rencontrer un autre super héros. Pour beaucoup j'en suis un, mais ils ne me connaissent pas. Et ceux qui disent me connaître ne me tiennent jamais longtemps la main : je suis tout le temps sans filet.

J'ai essayé d'aimer les autres mais au sens large, je n'y arrive plus. Quand je voudrais aimer je tombe sur un coeur froid et sec, empli déjà par les autres, en fait, je ne brille pas.

Je n'ai jamais eu la magie.


 
visiteur pas égaré
19-12-11 à 12:53

Re: La vie d'un être humain n'est jamais une légende

C'est déjà un beau cadeau de se rendre compte que la magie n'existe pas ! Même Dieu ne fait pas de magie ! Sur le plancher des vaches, il n'y a rien en un clin d'oeil. Il faut neuf mois quand même pour faire un enfant. Et pour qu'un être humain mûrisse, combien faut-il de temps ? Personne ne le sait. Ici, tu sais il faut compter en saisons.

Chère inconnue, Dieu te connaît (j'allais dire comme s'il t'avait faite) et tu es aimée de lui. Essaye de te rendre compte que tu es mûre... peut-être pour le connaître.