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Et cette fois ma tête a échappé à l'exposition sur la tv.
--> C'est parsemé de petits cailloux fautifs tout ce lancinement, mais, demain c'est jour de bosserie et de course à l'aube, cordialement, chercheurs de sortie.

Boum Boum du moment :

http://youtu.be/Zz3jU6KZbZ4

Juin de cette année, Cellule d'isolement HP local, pavillon d'homo erectus, reprise de poste,

6 heures du matin.

Il pleut. Si si c'est important.

D'ailleurs tu connais l'histoire des deux grenouilles qui se rencontrent sous la pluie ? nan ? faudra que je te la raconte, égaré.

On a un nouvel arrivant, projeté tout droit de l'accueil d'urgence, en descente, presque stable. Bouffée délirante. Plus de place chez les maniaco depressifs.

Nous on a l'habitude, on est le métro psychiatrique.

Alors, cet homme, un aventurier, comme moi. Je me demande quelle est son histoire.

 Une perte de tous répères, la rue, trop de pétards,

 une surdose ephémère,

 et tu te réveilles encerclé et lié, dans une chambre à barreaux, où tout est fixé, immuable, sauf les mouches collées au volet. les   tâches de vieille pisse sur les murs s'étalent comme les  signatures indélebiles des créatures qui se sont tapies ici.

Je l'observe, ce nouveau, sur mon écran total, crucifié, nu sur son lit underground, une auréole vient déjà couronner mon Jésus sanctifié, c'est un comble pour un muslim, il bouge peu, aucun djihad, 

 il respire fort, il n'a pas ce regard sauvage qu'ont tous nos psiiitt  - osés.

On l'appelera Farid, même si son prénom est plus joli en vrai, mais tu vois bien kimeli, je suis obligée.

Toilette complète au lit, en mode planche à repasser, il doit peser 80 kilos, mon gaillard, ça, ça va le faire. J'ai pas peur.

La chambre sent le fauve, la poubelle, l'urine et la merde, la vieille respiration des chambres closed, mal aérées, il dort, l'animal en quarantaine mais d'un sommeil aisé, il me fait pitié, si beau, si jeune,

27 ans à tout casser.

Mission one,  décrasser ce joli regard tout neuf, ce visage qui sent le sucre sous sa couche epaisse de rue,

ça sent le SDF sous le drap, et je m'y atelle parceque je suis en mode mère noêl, c'est la fête de la musique, je fais mes petits paquets cadeaux, je sors mes couteaux, j'aiguise son visage, j'en viens au rinçage, et je suis complètement bouleversée par le paysage que m'offre le décrassage.

 Y a de l'ange déchu là dessous, je vous le dis, moi.

Farid se réveille, une noisette,  puis la deuxième, de jolis yeux caramel, qui m'en rappellent d'autres,

  bordés de longs cils noirs comme ceux d'une femelle, il jette un oeil sur moi et sur mon arme fatale,

 mon ami gant de toilette (si si on peut tuer quelqu'un avec c'est parceque t'as pas la technique),

et me fait le plus beau sourire du monde.

 Bon d'accord,  il manque une dent, juste devant mais quand il ne sourit pas, il est canon.

On peut pas tout avoir et en HP , on tombe rarement sur Mister Univers.

Donc Farid s'éveille, il tourne la tête dans un sens puis dans l'autre, regarde longuement la lumière, ou bien la fenêtre, ou bien les barreaux de la fenêtre, puis la porte, puis ses mains , puis la tâche sur le drap, puis moi.

Sourire de piano bar.

Oua ziva madame, keskechfous là?

Oué, ça venant de Mister Univers,comme intro,  ça le fait moins, déjà.

Vite diversion...

 Sachant que l'équipe de rugbyman que sont mes collègues, sont au choix, sûrement planqués derrière la cam dans la pièce d'à côté, en train de s'extasier sur mon joli petit cul ou bien mes talents de barbier,

soit en bas déjà au petit dej, bien qu'un homme en HP doit toujouuuuurs mais toujouuuurs rester avec une femme, ça sent la pomme C, ça non en fait, il le savent que je suis Catwoman, et mon saucisson est bien ficelé.

 Pardon pour le ralouf j'ai pas fait exprès.

  Je lui demande comment il est arrivé là,

Il me dit détache moi.

(ooh oui attache moi)

Je lui demande s'il a des frères et soeurs,

 il me dit détache moi.

(j'ai pas fait, il a pas dit jacadi)

Et moi, je suis pour la liberté à fond, j'ouvre les cages des oiseaux, je libère les hommes mariés et je sauve les mouches dans les piscines, et même les guêpes aussi, je suis une guerrière,

 mais non Farid, même si j'ai bien envie de le détacher pour voir ce qu'il va faire, tout nu de sous son drap, je peux pas. 

Je te jure kimeli, qu'à ce moment là pendant cinq éternelles secondes, je l'ai imaginé s'enrouler dans son drap , balancer négligemment un bout de celui ci  par dessus  son épaule et me jeter un regard dédaigneux en prenant la porte et en  disant : "veni vidi vici".

 Mais ça c'est ma propre pathologie, faut toujours que j'imagine des déconnexions fatales à des moments hyper cruciaux de la life.

Super bien monté Jules César, en passant si vous voulez tout savoir si on arrive à occulter l' odeur de poubelle.

La bonne nouvelleest que  j'ai recroisé Farid hier, 27 ans et demi, toutes ses dents cett fois, au détour d'une gondole, et c'était pas à Venise.

Il est resté plus d'un mois, tapi au milieu de nos psychosés, pas à sa place, il se prenait pas pour un sanglier lui, il se dranlait pas contre les chambranles,

non en fait, Farid, il dealait du rab de gateaux secs contre des clopes , il a tout compris ce petit là, j'étais fière fière fière de mon rejeton brillant comme un sou neuf.

Il m'a même appris à jouer à la crapette, échange de bon procédés.

j'ai passé des heures et des heures entières avec lui, mode on surveillance, à décortiquer le parchemin de sa vie, ses angoisses , ses désirs, ses joies et ses peurs, pariant sur ce cheval contre mes collègues, j'aime les hymnes à la vie,  l'avenir, du dehors de la rue,

la rue, c'est comme une créature à grande bouche qui mange de l'herbe et des feuilles, et des corps d'humains couchés sur le bitume, il était comme toi et moi kimeli, il voulait juste s'en sortir.

J'ai passé parfois quelques minutes à le regarder prendre sa douche, les goutelettes d'eau ruisseler sur sa peau parsemée de rousseur, et son sourire de bonheur, enroulé dans une serviette blanche, pfff chaleur, la satisfaction de pouvoir prendre enfin soin de soi, de se voir dans un miroir, de se chercher, et de se retrouver, enfin un peu.

Puis il est parti, et pendant quelques jours, je me suis sentie orpheline. ma meute de batards avait perdu son loup.

Les autres âmes dérivaient dans la cour en détresse, plus de rab de gateaux secs, (et pour un sachet de mayo, c'est une clope et demi)

plus de hip hop, plus de rassemblement stratégique dans les recoins, plus de berger pour protéger les plus faibles, et certains ont gueulé comme des loups qui crèvent pour la lune.

Si tu as une âme d'aventurier, que tu as ton permis bête sauvage et que tu aimes les gateaux secs,  viens chercher bonheur en psy, tu vas faire fortune, et tu seras le roi du pétrole.

Enfin bref Farid va bien. On a bu un café, tu vois bien kimeli, j'étais desespérée et je venais de me faire lapiner à la dernière minute par mon red destrier, fallait que j'occupe mon esprit, pour lui éviter la dérouille, à lui surtout pas à moi.

Il est revenu de l'enfer, et il s'en est sorti. Il sentait plus la poubelle. Il ne parlait plus de mort ni de suicide, ni de casse de voiture, ni de drogue, mais d'avenir, tout beau et tout rose, il était "bogoss" et ensuite il m'a remerciée. Moi, sa blanche coco, parceque je ne lui ai jamais lâché la main.

Même si pour cela il a fallu que je me mette entre lui et une brute de 95 kilos, que je le colle contre un mur, son visage dans mes mains, et mes jambes sur les siennes pour l'empêcher de vriller sec, en lui demandant d'occulter, d'occulter de me regarder moi dans les yeux et de respirer de compter jusqu'à dix, il aurait pu me casser en deux, s'il avait voulu, avec une seule de ses mains, il tressaillait comme un étalon, le cheval prêt pour la bataille, mais je lui ai offert mes ailes, ma méthode,  le moyen de s'évader, par l'esprit, prendre le large,

parceque  frapper, rendre le crachat,  c'était le passeport pour zombiland,  bouclé pour encore six long mois, même s'il a fallu que je me tape un million de fois spiderman 1 en dvd, son film préféré,

que j'apprenne à jouer à la crapette, ça valait la peine, vraiment, R,  de contribuer à sauver ton âme.

Ecrit par Gobbo, le Mardi 8 Novembre 2011, 02:19 dans la rubrique Shyzoph 'Hommes.

Commentaires :

visiteur pas égaré
09-11-11 à 13:43


Tous les kimeli ne sont pas tous pareils ! Il y a ceux qui veulent juste s'en sortir, oui, et puis il a ceux qui ne veulent pas s'en sortir. Et il y a ceux qui s'en sont sortis. Mais cela ne veut pas dire qu'ils sont revenus de l'enfer, parce que de l'enfer on n'y revient pas (tu comprends ? ou alors c'est pas l'enfer)...

Les égarés sont timides aujourd'hui, c'est que tu a été sacrément humaine dans ce briefing. Avec des phrases comme celle-ci : " Y a de l'ange déchu là dessous, je vous le dis, moi", tu risques de désarçonner plus d'un vaillant chevalier de la table ronde ! Moi je dis que la blouse blanche te va bien, mais je me demande pourquoi tu veux toujours l'enlever ? Pour jouer avec le feu ?
Tu veux me faire dire alors qu'il y a de l'ange déchu là-dessous ?


 
Gobbo
Gobbo
09-11-11 à 15:14

Re:

Il y a deux décennies que je suis en désaccord avec dieu.

 Alors oui, je crois qu' il y a  un peu d' ange déchu sous ma blouse, pas égaré.


 
visiteur pas égaré
09-11-11 à 16:09

Re:

Être en désaccord avec dieu est signe de bonne santé, même depuis 20 ans (il y a eu pire chez ton serviteur pas égaré).

Ce qui serait signe de mauvaise santé, par contre, serait de rester indéfiniment dans ce désaccord.

Ouh méchant ange déchu sous la blouse, le problème de la crise grecque n'est sûrement rien à côté de ce problème !