Je n’ai pas compris.
« Pourquoi », en cette occasion est un mot presque aussi tranchant que « bref ».
Pas compris ce que tu as voulu exprimer il y a un mois, ce que tu as, ce que tu souffres, ou à quel jeu on joue, pourquoi tu ressens ce besoin de me blesser, ce que tu veux, pourquoi tu reviens au bout d’un mois, alors que tu avais joué le dernier rappel.
Alors pourquoi reviens-tu ?
Je ne suis pas si forte que ça. Et toi tu n’es pas ce jeune branleur, là. Je n’y crois pas.
Je crois que je n’arriverai plus à tout te dire, tout de suite. Du moins dans cet échange là. Le sel (est carnivore, et rancunier, lui).
Il y a eu des nuits où je sentais ce truc étrange , un sentiment qui mord ne s’invente pas, n’est ce pas ?
Alors pourquoi m’as-tu saigné?
Comme si quelqu’un d’autre avait pris ta place. Un truc méchant et visqueux, en fait. Qui m’aurait chassé en me fouettant l’âme. Et qui en plus, dans sa grande beauté d’esprit, trouverait cela « positif ».
Il me semble que de toute façon, quelque part, tu m’as signifié il y a un mois mon congé sans solde. Il n’y a pas 36 solutions. Je ne suis pas sinueuse. Sinueux tu l’es, toi.
C’est dur pour moi de me passer de toi parce que je suis très moche à l’intérieur.
Peut être qu’il y a un truc de monstrueux au fond de mes yeux qui ne demande qu’à dégueuler et que les gens le sentent.
Et qu’ils ne veulent pas être celui ou celle qui me retiendra au cordage le jour où ça pètera.
A force de m’éviter moi-même, je finirai sans doute par parler longuement aux bouteilles comme ma mère et à apprendre comme elle à faire danser mes poings sur les autres.
En général, « ON » préfère les gens qui vont bien. Qui n’ont pas peur du noir et des chimères cachées dans les placards, et qui passent les saisons comme les pages d’un bon livre, avec bonheur. C’est dur de souffrir en se cachant derrière un masque, mais on s’y fait, hein ?
Je sais que tu sais. Et ne me fait plus croire que j’imagine tout cela.
C’est dur d’expliquer aux gens tout ce qu’on a fui, tout ce qu’on a laissé derrière soi mais qui reste tapi quand même là quelque part au milieu des entrailles, et d’expliquer pourquoi on est dans cette spirale autodestructive du cœur. Parce que quand il n’y a eu aucun Avant, dans sa vie, comment peut-il y avoir un Après ?
Comment on fait pour avoir ça ? Et l’aimer cet après ? Comment on fait pour pardonner aux gens ? Et leur ouvrir les glissières ? Leur faire confiance ?
C’est peut être une relation tout à fait égoïste. Tu me lis, et tu m’écoutes et ça m’arrange.
Et toi ça te fait dix minutes de compagnie le soir et le sentiment de jouer aux marionnettes avec une presque trentenaire complètement pitoyable. Tant mieux si ça te fait du bien.
On dira que c’est un échange de bons procédés.
Je ne peux pas écouter tes précieux conseils individualistes parce que je me sens redevable et enchainée à ce passé merdique qui a fait l’adulte toute pourrie que je suis aujourd’hui.
Et que j’ai eu beau essayer très fort, je n’ai pas encore trouvé la solution pour m’en défaire.
Un psy, l’HP peut être. Ou la vodka en perfusion. Faudra que j’y songe quand je pourrais lâcher la Bête.
Tu n’es pas si fort que ça, toi, non plus. J’espère juste qu’un jour si j’arrive à te refaire confiance, tu arriveras à l’admettre, et à ne plus me blesser. Sinon on en reste là.
Je me suis habituée à ton économie.
C’est à ton tour maintenant, de planter les vannes. Si tu tiens à tout cela, tu sauras quoi faire. Même si cela ne t’empêche pas de dormir.
Ose juste me dire que je me trompe, ça m’aidera à ne plus imaginer que tu me manques, quand tu m’enfermes.